Ju-Jitsu
Le terme Jujutsu est composé de 2 kanji. Selon la méthode de romanisation du japonais la plus répandue, la méthode Hepburn, ces kanji devraient se définir ainsi :
« Ju » : mou, tendre, doux, souple
« Jutsu » : art, moyen, technique
Le Jujutsu se traduit donc par « L’art doux » ou « La technique de souplesse ».
Malheureusement, on retrouve assez souvent « L’art doux » écrit d’une manière erronée, soit : « Ju-jitsu » ou encore « Jiu-jitsu ». Cette erreur est souvent du à une mauvaise prononciation du japonais par les occidentaux. Elle est même commise par de grands experts hauts gradés dans ces mêmes arts de combats, ce qui n’enlève en rien, à la compétence de ces experts. Toujours selon la méthode Hepburn, « Ju-jitsu » ou « Jiu-jitsu » se définiraient ainsi :
« Ju » : mou, tendre, doux, souple
« Jitsu » : vérité, réalité, sincérité
On remarque ici que l’écriture du kanji « Jutsu » (?) est très différente de l’écriture du kanji « Jitsu » (?). Le Jujitsu serait donc traduit de la manière suivante : « La vérité douce », « La réalité de la souplesse » ou « La sincérité du tendre », etc. Ce qui est très loin de la méthode de combat qu’est le « Jujutsu ». La confusion et la mauvaise prononciation entre « Jutsu » et « Jitsu », remonte aux premiers échanges des occidentaux avec les nippons vers la fin du 19e siècle. Pour toutes sortes de raisons, souvent politiques, la correction à la romanisation n’a jamais été apportée. Par contre, tous utilisent les bons kanji à l’écriture japonaise du Jujutsu.
Une autre particularité est à noter au sujet de la méthode Hepburn : elle n’utilise pas de « traits d’unions » (-), ni d’espace, pour lier deux particules syllabaires ou deux kanji d’un même mots. Nous écrivons ainsi « Karaté » et non « Kara-té » ou « Kara té », « Judo » et non « Ju-do », « Ju do », « Jiu-do » ou « Jiu do » de même que nous écrivons « Jujutsu » et non « Ju-jutsu » ou « Ju jutsu ».
Cependant la pratique du Jujutsu requiert davantage d’équilibre que de souplesse.
Les origines du Jujutsu
Le concept principal du jujutsu est le ju, littéralement la « souplesse », c’est-à-dire éviter l’attaque et la contrôler, sans opposition de force. Par cette technique, Ju yoku go o sei suru : le doux vainc le dur.
Les méthodes de combat connues comme jutsu sont vieilles de 1 500 ans au moins. Les débuts du jutsu peuvent être situés dans la période turbulente au Japon qui s’étalait entre le VIIIe et le XVIe siècle. Cette période connut au Japon d’incessantes guerres civiles et les systèmes d’armement classiques furent développés et éprouvés sur les champs de bataille. Les techniques de combat rapproché faisaient partie intégrante de ces systèmes afin de combattre efficacement des adversaires portant armes et armure.
La naissance du jutsu coïncide probablement avec l’origine de la classe des samouraïs datée à l’an 792. L’armée était constituée à cette époque de soldats se déplaçant à pied et armés de javelots. Les officiers étaient recrutés parmi les jeunes fils des grandes familles et étaient formés au maniement de l’arc, au commandement des troupes et également au combat sans armes. L’empereur Kammu construisit le Butokuden, une école formelle pour ces officiers que l’on connaît sous le nom de samouraïs.
À la fin du XIIIe siècle, les Mongols tentent d’envahir le Japon et les samouraïs se défendent durant des années dans de terribles combats. Au XVe siècle, les maîtres d’armes établirent des écoles afin d’enseigner leur style du kenjutsu, l’art de l’épée. Entre 1467 et 1477, la guerre d’Onin fait rage, cette période voit le déclin du pouvoir des shoguns et le début du Sengoku Jidai, l’« Âge du pays en guerre », qui va durer cent cinquante ans.
Le premier jutsu ryu reconnu fut formé par Takenouchie Hisamori en 1532 et consistait aussi bien en des techniques usant du katana (sabre), du bo (bâton) et du tanto (couteau-sabre) que du combat à mains nues. Les sauts et les coups de pied n’étaient peu ou pas enseignés dans le jutsu puisque les techniques étaient souvent destinées à des combattants portant une armure et que ces techniques sont risquées et difficiles à employer dans une situation de rue (vêtements mal adaptés, risque de glisser et tomber, de se faire saisir la jambe…). Le terme jujutsu commença à être utilisé vers 1600.
En France, le JUJITSU connaît un développement chaotique.
En 1906, l’ouverture d’une école de JUJITSU sur les Champs-Elysées par Ernest Régnier répond à l’attente de tout un public » fasciné » par cette mystérieuse discipline venue d’Orient. Il donne ainsi au JUJITSU une popularité exceptionnelle mais éphémère. En effet, après avoir relevé avec succès bon nombre de défis, il est vaincu par un lutteur russe de plus de 100 kilos. Le JUJITSU ne bénéficiant alors que d’une popularité attachée à la forte personnalité de RE-NIE sombre dans l’oubli.
D’autres tentatives ne rencontrèrent que peu de succès, jusqu’à l’arrivée d’un expert japonais, Maître KAWASHI, empreint, lui aussi, d’une forte personnalité doublée d’une finesse d’esprit remarquable.
C’est avant la seconde guerre mondiale qu’il donne au JUJITSU un essor nouveau en inventant notamment les ceintures de couleur, et en créant une méthode s’adaptant parfaitement à notre esprit.
Le JUJITSU amorce alors son développement en France.
Cependant, l’essor du JUDO de compétition fera perdre à cet art martial son caractère de self-défense : les techniques d’Atemi disparaissent pratiquement de l’enseignement, tandis que se développe parallèlement le KARATE et l’AIKIDO. Très vite, le JUDO sportif prend le pas sur l’Art Martial et le JUJITSU est à nouveau délaissé.
Depuis une vingtaine d’années, le JUJITSU retrouve pourtant en France ses lettres de noblesse sous diverses impulsions.
Tout pratiquant de Jujitsu peut donc se poser légitimement la question de l’origine du jujitsu qu’il pratique.
Ce questionnement m’a engagé dans une recherche des différentes écoles de jujitsu présent sur le territoire français.
Si le Jujitsu dispensé par la Fédération Française de Judo est le plus représenté par le nombre d’adhérents et de clubs, il n’en reste pas moins, qu’à ce jour, 36 autres styles se partagent la discipline.
Chacun de ces styles, fondé ou non à partir de pratiques traditionnelles japonaises, affiche une pratique bien singulière, qu’elle soit orienté self-défense, techniques traditionnelles ou compétition :
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive.